mercredi 29 mai 2013

Brutal retour

Il n'y a rien à faire quand le fleuve se déchaîne. C'est après qu'il y a beaucoup à faire. L'eau repart, les débris restent. Enfin pas tous : un voisin est venu chercher son escalier sur notre terrain hier.
Rockquiroule n'arrêtera pas de rouler, mais il troquera souvent le vélo pour la brouette.

lundi 13 mai 2013

Selon Machiavel (7)


« Si vous examinez les actions des hommes, vous trouverez que tous ceux qui ont acquis de grandes richesses, ou une grande autorité, n'y sont parvenus que par la force ou par la ruse; et qu'ensuite tout ce qu'ils ont usurpé par la fourberie ou la violence, ils le recouvrent honnêtement du faux titre de gain, pour cacher l'infamie de son origine. »

La procureure dans le dossier « Ruby» (prostitution de mineures) réclame une peine d'emprisonnement de six ans pour Silvio Berlusconi (ça lui en fait 10 au total) et l'interdiction à vie d'exercer une charge publique. Il est peu probable qu'il finisse en prison, mais peut-être est-ce la début de la fin de vingt années qui ont fait beaucoup de mal à l'Italie. Pendant ces mêmes vingt années, la fortune personnelle de Berlusconi a décuplé.


Dans la rue




La Via de Cenci, où nous habitons, fait environ 200 mètres de longueur, deux mètres de largeur dans sa portion la plus étroite et cinq dans sa portion la plus large. C'est une rue qui résume à sa façon l'Italie, dans ses aspects architectural, social et économique.
À l'extrémité la plus large se trouve tout d'abord la gelateria. Le propriétaire, qu'on voit souvent les bras croisés ou en train de fumer une cigarette, à l'entrée de son commerce, a l'air de tout sauf d'un vendeur de crème glacée. Il est peut-être l'un de ces innombrables Italiens qui ne font pas le métier pour lequel ils ont été formés, mais qui se sont accrochés à l'affaire ou au poste qu'ils ont pu trouver. Ceci dit, son affaire marche très bien quand il fait beau.
Juste à côté se trouve la piadineria. Les piadines (http://fr.wikipedia.org/wiki/Piadina) sont un mets typique de la Romagne et sont très populaires. Le midi, surtout, c'est la foule. Les propriétaires, qui se trouvent également à être nos voisins, ont eu une très bonne idée quand ils ont lancé ce commerce (inhabituel pour la Toscane). C'est l'aliment idéal en temps de crise, pas cher (environ 4 $), nourrissant et, en plus, très bon.




 
Tout près de la piadineria, un petit bar tenu par deux filles, Giulia et Robi, qui ont repris cette affaire abandonnée depuis plus de un an. Il leur a fallu du courage - et peut-être l'aide financière de leurs parents ou amis - pour démarrer un commerce en cette période de grisaille. Elles attendent l'autorisation de la ville pour disposer quelques tables supplémentaires à l'extérieur. Ça doit se faire aujourd'hui, mais ça pourrait être tout aussi bien dans trois mois.
Parlant de grisaille, il y a le jeune serveur du restaurant d'en face - l'Osteria de Cenci - qui fait de plus en plus grise mine. Il passe de longues heures dans le cadre de porte à attendre l'hypothétique client et chaque fois que nous sortons dans la rue, il semble se demander pourquoi nous n'allons pas manger là huit fois par jour. Le restaurant a ouvert récemment sur l'emplacement d'un autre, qui a fait faillite. Il est probablement trop cher pour réussir. Mauvaise lecture du marché en somme. Il y avait tout près un magasin de chaussures appelé Lili Marleen, qui a lui aussi fait faillite, au grand désespoir de Nathalie. La Pasticceria (pâtisserie) de Cenci, elle, marche bien; c'est une véritable institution à Arezzo, ce qui permet d'ailleurs à la propriétaire d'arborer un air bête sans que cela nuise aux affaires.


Reste le salon de coiffure où les affaires semblent bien marcher, le cheveu continuant de croître, un magasin de produits de santé qui a un peu l'air de se demander ce qu'il fait là et, dans notre immeuble, un salon de massages finlandais, tenu par Angelo, pilier de la rue et grand fumeur qui aurait déjà été, selon ses dires, un cycliste émérite et qui à chaque fois qu'il me voit revenir à vélo me demande combien de kilomètres j'ai faits et me raconte quelque haut fait de sa « carrière ».

La rue devient parfois très animée le soir à cause du petit bar. Tout le monde est dans la rue quand le temps le permet; ça boit, ça écoute de la musique, ça parle fort et même ça crie parfois, mais ça ne nous dérange guère. Peut-être que nous sommes à l'abri du dérangement ici. Pourtant dérangement il y a. En ce moment même, sur une terrasse située à quelques mètres à peine, il y a le voisin qui joue au ballon avec ses deux enfants, le plus jeune s'époumonant comme un goret chaque fois qu'on lui enlève le ballon pendant que leur oiseau en cage y va de vrilles et de trilles à faire pâlir d'envie une sirène d'ambulance.












Et tourne le Giro

Malgré les histoires de dopage, le Tour d'Italie, comme le Tour de France et probablement celui d'Espagne, reste une grande fête populaire. Les spectateurs arrivent des heures à l'avance pour voir passer en un très bref instant les cyclistes, qui semblent un peu perdus au milieu de toutes les voitures d'accompagnement, motos de la télévision et véhicules de secours. Cette année marque le 100e anniversaire du Giro. Depuis quelques années, peut-être un peu par chauvinisme, je trouve le Giro plus intéressant que le Tour de France, plus accidenté, plus imprévisible.
Imprévisible a été le temps hier. J'étais allé voir l'étape avec mon ami l'orfèvre. Belle montée jusqu'au Passo della Consuma. Il devait faire beau toute la journée, mais un peu après le passage du Giro, il s'est mis à pleuvoir sérieusement. Descente sous la pluie et dans le froid et une heure à attendre sous un petit toit que ça cesse. Ça s'est terminé par un retour en voiture, comme quoi les cyclistes amateurs ont parfois droit eux aussi à un traitement de star.

jeudi 9 mai 2013

C'est pas moi, c'est lui

Santa Maria della Rassinata, c'est un peu le Saint-Athanase (http://www.saint-athanase.com) de la Toscane. On met beaucoup de temps pour y arriver, mais pas beaucoup pour en sortir et, surtout, la nature est omniprésente.
C'est dans la montée vers Santa-Maria que mon vélo m'a fait part de son désir de rester en Italie. Il m'a parlé d'autres horizons à explorer, d'autres cols à franchir. Après sept kilomètres de montée, parfois âpre, je lui ai donné raison et j'ai échafaudé quelques plans diaboliques qui permettront d'exaucer ses désirs.



Découvrez quel paysage correspond à Santa Maria della Rassinata et lequel correspond à Saint-Athanase et gagnez un abonnement d'un an à Rockquiroule.

mardi 7 mai 2013

L'Italie sans dessus dessous (5), ou les hommes qui n'aimaient pas les femmes

Laura Boldrini, ancienne porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a été élue présidente de la Chambre des députés du parlement italien en mars dernier. Depuis sa nomination, elle a fait l'objet de nombreuses menaces et railleries :
 
Comme quoi la haine de la femme se pratique encore beaucoup, en Italie comme ailleurs, et peut-être plus que jamais. Le menace est l'arme des faibles qui se croient forts.

Au fait, on a le droit de dire  que Laura Boldrini est une belle femme (elle me fait d'ailleurs penser à Borgen dans la série du même nom).